Eclore, encore – Le Temps

Fermez les yeux et écoutez. Ce pre- mier accord à la guitare, une caresse délicate. Un léger craquement du démanché. Le guitariste est si près de notre oreille que l’on en devine- rait sa respiration. La tonalité de do mineur, clair-obscure, qui dessine déjà la mélancolie du texte à venir, et dont les dernières notes arpégées sont presque des larmes qui s’éva- porent. Mariana Flores commence à chanter de sa couleur cristalline: «Sur le sable doux qui lèche la mer, sa petite empreinte ne laisse plus de traces. Seul un chemin de chagrin et de silence mène jusqu’aux eaux pro- fondes.»

«Je ne viens pas d’une famille où la musique académique et classique était présente.

On écoutait du répertoire folklorique et du tango toute la journée»

Fermez les yeux et écoutez. Ce pre- mier accord à la guitare, une caresse délicate. Un léger craquement du démanché. Le guitariste est si près de notre oreille que l’on en devine- rait sa respiration. La tonalité de do mineur, clair-obscure, qui dessine déjà la mélancolie du texte à venir, et dont les dernières notes arpégées sont presque des larmes qui s’éva- porent. Mariana Flores commence à chanter de sa couleur cristalline: «Sur le sable doux qui lèche la mer, sa petite empreinte ne laisse plus de traces. Seul un chemin de chagrin et de silence mène jusqu’aux eaux pro- fondes.» Cette chanson, Alfonsina y el Mar, écrite par Ariel Ramirez en 1969, est devenue emblématique du répertoire argentin. Hommage à la poétesse d’origine tessinoise Alfonsina Storni, qui s’était donné la mort en 1938 à la Plata, la grande voix de l’Amérique latine Mercedes Sosa l’avait à jamais marquée de son timbre étonnant. C’est elle qui ouvre aussi le disque de Mariana.

Un chant qui coule de source

Sous le ciel bas et lourd de novembre, on retrouve la soprano au coin d’une rue genevoise, iden- tique à ce portrait qui trône en couverture de son nouveau disque, Alfonsina. Sa silhouette de profil dans les vignes, irradiée de lumière.

Mariana Flores est une figure incontournable de la scène baroque et de l’ensemble La Cappella Medi- terranea. Ce disque en duo avec le guitariste Quito Gato est un hom- mage vibrant à la musique de son enfance. Pour la soprano origi- naire de Mendoza, à l’ouest de l’Ar- gentine, le chant coulait de source autant que le malbec produit dans sa région. Enfant, elle débute au sein du «Coro de ninos cantores» de sa ville. «Je ne viens pas d’une famille où la musique académique et clas- sique était présente. On écoutait du répertoire folklorique et du tango toute la journée.» L’entrée dans cette maîtrise élargit son horizon musical à Bach, Mozart, Schubert, Schumann puis, poussée par sa

cheffe de chœur, elle participe à un concours en soliste. «J’avais 14 ans et j’ai su que je voulais en faire mon métier.» Cette détermination ne tarira pas. En 2004, elle quitte l’Ar- gentine pour s’installer à Bâle. Elle vient d’être admise dans la classe de Rosa Dominguez à la Schola Can- torum.

En 2005, dans le fief de la musique ancienne de l’abbaye d’Ambronay, elle fait la rencontre du jeune chef d’orchestre argentin Leonardo Garcia Alarcon «Il m’a tout de suite impressionnée par sa sagesse et sa connaissance du répertoire.» Très vite, elle commence à chanter dans son ensemble. La Selva Morale sera leur premier projet. Au deuxième, l’amour s’impose comme une évi- dence. «On dit souvent qu’on ne mélange pas l’amour et le travail. Mais on se sentait tellement bien ensemble.»

Quinze ans après, l’assemblage porte ses succès. Deux enfants et une vingtaine de disques.

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