Le programme présente un ensemble de chants populaires, en espagnol, essentiellement argentins, issus des métissages divers qui ont tissé le pays et son histoire, avec un panorama musical comprenant des chants de diverses régions du pays, mais en sous texte, des portraits de femmes argentines, réelles ou fictives ayant marqué son histoire. Toutefois, le propos n’est pas politique mais humaniste à destinée universelle, et le tango (très populaire et n’ayant pas besoin de cette lumière supplémentaire) n’est pas du voyage. L’ensemble des artistes sont amplifiés, dans un résultat qui préserve les équilibres de manière assez naturelle, permettant toutes les nuances.
Mariana Flores use essentiellement ici de la partie centrale de sa voix, avec un bas médium plus charnu et coloré, et elle ne s’interdit pas de poitriner. La voix est assez « fruitée », les ressources dynamiques présentes et subtiles, avec un grand panel de couleurs pour nourrir ses interprétations (usant de procédés imparables comme celui consistant à reprendre les thèmes en ralentissant le tempo, à voix confidentielle, puis de terminer dans un torrent vocal saisissant,… ou bien la stratégie inverse). Nul recours, toutefois, à la pyrotechnie ou aux effets de tessiture, aisés pour une « soprano baroque » : ici, l’expression est au centre des préoccupations, avec un corps en accord toujours avec la musique, que la chanson soit triste ou très joyeuse. Les chansons sont introduites brièvement, avec sensibilité et parfois humour. Elle sollicite aussi parfois la complicité du public, invité à frapper le rythme de ses mains.